Dossier : Trop de sorties fin 2019 = nouvelle crise du jeux vidéo ?

Ce matin, en me levant, je me suis rendu sur mon site de jeu vidéo préféré (vous savez… Gamekyo) et j’y ai lu un petit débat particulièrement intéressant, à propos de notre industrie du jeu vidéo. Sommes-nous en train de revivre le Krach de 1983 ? Comment se porte notre industrie, en pleine mutation actuellement, avec notamment l’arrivée du Streaming et des offres d’abonnement pour jouer à des bibliothèques de jeux ?

Les gars, y a trop de jeux qui sortent ces derniers temps.
Et le pire c’est que ce sont des bons jeux ! Je ne sais plus où donner de la tête…

Trop de jeux = une saturation du marché, ou est-ce que cela veux dire que le marché du jeux vidéo se porte bien ???

J’ai peur qu’on revienne à une crise du jeu vidéo comme celle qui a eu lieu dans les années 80.

Auteur : Asakk

Asakk fait ici référence au Krach du jeu vidéo de 1983, qui a donné un gros coup de pied au derrière à une industrie naissante et prometteuse, en même pas un an ! Pour comprendre cette crise, qui a faillit donner un coup fatal aux jeux vidéo, il faut se remettre dans le contexte de l’époque.

Le Krach du jeu vidéo de 1983

PONG est un énorme succès dans les années 1970 en arcade, puis à la maison en 1975 grâce à Atari. Toutes les entreprises se mettent alors à faire des consoles de jeux avec variantes de PONG, pour se faire un maximum d’argent sur ce nouveau marché à la mode. Pour vous donner un ordre d’idée, rien qu’un 1977, William Audureau a recensé 744 modèles de consoles différentes… Un nombre complètement inimaginable de nos jours !

Pong dans sa version TELE-GAMES
Pong dans sa version TELE-GAMES

Même si le nombre de consoles sur le marché a fini par se stabiliser, le marché du jeu vidéo, vu comme un nouvel El Dorado, était en proie à la vente d’innombrables « clones » des jeux existants. Casse-briques, Pac-Man, Space Invader, les jeux vendus étaient tous quasiment les mêmes, avec quelques variantes infimes, et une cadence de sorties infernal… Cumulez cela au système économique en vigueur à l’époque (si votre stock de jeux ne se vendait pas dans votre magasin, vous pouviez le renvoyer à l’éditeur qui vous remboursait votre « mise ») et vous comprenez que les magasins, ne prenant aucun risque pour la revente de jeux, pouvaient se permettre d’avoir des stocks énormes de jeux sans jamais se soucier de savoir si les ventes allaient être décentes ou non ! Mais lorsque les invendus, dans les années 1980, étaient trop importants, les éditeurs ne pouvaient tout simplement plus racheter leurs stocks, obligeant les magasins à se débarrasser comme ils le peuvent de leurs stocks de jeux.

C’est ainsi qu’en 1982, les jeux d’une valeur de 35$ étaient très souvent trouvable dans des « bacs à soldes » à seulement 5$, et comme tous les jeux se ressemblaient, il n’y avait plus aucune raison d’acheter un jeu plein tarif et… Je pense que vous connaissez la suite ^^ ! La crise fut d’ailleurs si importante que des constructeurs majeurs tels que Mattel, Magnavox et Coleco se sont carrément retiré du marché du jeu vidéo, en n’y croyant plus du tout…

Les japonais, ces superhéros !

Lorsque le marché a repris en 1987, les contrôles qualités sur les jeux mis sur le marché des nouvelles consoles de jeu (Nintendo NES et Sega Master System) étaient bien plus drastique, avec le fameux « Seal of Quality » apposé sur les jeux « autorisé » par Nintendo à fonctionner sur leur système !

Ce système existe toujours de nos jours, car sur Nintendo Switch, PS4 ou Xbox One, ce sont toujours les constructeurs qui ont le pouvoir d’approuver (ou non) leur jeu sur leur plateforme ^^ ! On entend par exemple beaucoup parler de Censure du côté de chez Sony, qui ne tient pas à ce que tout et n’importe quoi ne soit publié sur leur console, surtout aux USA…

Ce jeu est par exemple censuré sur PS4

Bref, après cette longue piqûre de rappel, on va tenter de répondre à la question qui se posait sur Gamekyo : se dirige-t’on vers une crise du jeu vidéo ? Et pour y répondre, il suffit de regarder les jeux qui sortent en cette fin d’année 2019 :

Ça en fait une sacrée liste, pas vrai ? Et encore, je n’ai même pas inclus les sortis de jeux indépendant, car on en reparlera un peu plus tard… La première chose qui frappe, c’est la diversité des jeux proposés. Et là, il n’y a rien à dire : il y en a pour tous les goûts. Aucun de ces jeux n’est un « clone » dont le code a été simplement altéré. Tous ces jeux ont tous des gameplay et des ambiances totalement différentes. Du multijoueur en coopératif avec Borderlands 3 ou Gears 5, au mystérieux avec Death Stranding, en passant par du thriller avec BlackSad ou du sport avec NBA 2K20 et FIFA 20, il est difficile de ne pas trouver un jeu qui vous sied ! Le marché du jeux vidéo est également bien plus large qu’auparavant, et je ne pense pas que les ventes d’un jeu comme FIFA 20, sortant le 27 septembre, influent sur celles de Code Vein, sortant le même jour, le public ciblé n’étant tout simplement pas le même. Toucher une niche avec un jeu comme Medievil, cela reste tout de même des « micro marché » avec des milliers (voir des millions) de joueurs ! C’est un peu comme les sorties au cinéma : la cadense de sortie est infernale, mais tous les films ne vous sont pas adressés. simultanément, tous ne sont pas adressé eux même joueurs. Un joueur de GEARS 5 ne sera pas forcément intéressé par CHAIN ASTRAL de chez Nintendo, et les 2 jeux ne se font pas forcément une concurrence frontale !

Existe-t’il encore des daubes en 2019 ?

L’autre point qui a changé, c’est la qualité globale des titres. Celle-ci a considérablement augmenté au fil des années. Des jeux considérés comme « mauvais » auprès des gamers ne sont, au final, que rarement aussi dramatique qu’on ne le lit sur les forums. Des titres comme Anthem, Shadow of the Tomb Raider (dont je suis fan) ou Mass Effect Andromeda reste des titres amusants à parcourir et à jouer, même s’ils ont déçus les fans pour divers raison. Ça fait longtemps que je n’ai pas eu une vraie « daube », la dernière dont je me souviens fut Troll and I, et effectivement, si le marché était inondé de jeux de cette « qualité », je me ferais du soucis pour l’avenir de notre média… Mais ce n’est heureusement pas du tout le cas !

Ça, c’est un mauvais jeu…

Un autre point qui échappe aux joueurs, c’est qu’un jeu, ça ne s’achète pas forcément Day One ! Regardez Nintendo : un jeu comme Mario Kart 8 continue de faire d’excellente ventes… 2 ans après sa sortie en remastered, et 5 ans après la version originale sur Wii U ! Les habitudes de consommation de jeux vidéo ont également changés, et les joueurs n’hésitent plus à acheter leur jeu en promotion en dématérialisé (ce qui permet, mine de rien, à aider à rentabiliser les échecs en les vendant « pas cher » sur le long terme, je pense à Rise of The Tomb Raider par exemple) voir même à jouer aux jeux via des système d’abonnements (Xbox Live Gold / Playstation Plus, voir même Xbox Game Pass) avec un tout autre système de rémunération derrière ! Je pense qu’au contraire, on est dans un âge d’or du jeu vidéo, et que jamais nous n’avons eu des jeux de cette qualité, accessibles a des prix plus que raisonnable pour qui sait où trouver les bonnes affaires 😉 !

Un temps limité

Par contre, là où effectivement il y a un risque de crise : le temps. En effet, le temps dont dispose chaque joueur n’est pas infini, et il privilégiera forcément les jeux qui lui plaisent le plus. Je dirais même : les ACTIVITES qui lui plaisent le plus ! Nintendo disait en 2018, via Reggie Fils Aimé :

… Tout le temps restant (après une journée) est dédié au divertissement. C’est avec ça que Nintendo rivalise, minute par minute. Le temps que vous passez sur le web, devant un film, une conférence, c’est avec ce temps que nous sommes en compétition. C’est un état d’esprit plus grand que voir Sony et Microsoft comme nos concurrents directs. Nous sommes en compétition avec le temps. Lorsque nous faisons ça, nous devons être créatifs, innovants pour remporter ce combat.

Reggie Fils Aimé

Alors, comme je le disais, c’est vrai qu’un jeu peu se vendre sur plusieurs années, et rien n’empêche à un joueur de redécouvrir CONTROL dans 6 mois au détour d’une promotion, mais le soucis est qu’en étant constamment sollicité pour de nouvelles expériences, il devient difficile pour de plus en plus de joueurs de jouer à leurs jeux favoris… Faute de temps ! A peine un jeu terminé que 2 nouveaux jeux « de qualité » sont déjà disponible sur le marché !

La problématique est encore plus grande quand on met dans l’équation les jeux indés. Il est devenu de nos jours très « simple » de sortir un jeu. Avec Unity, il n’a jamais été aussi simple de créer un jeu sur PC et consoles. Même si vous n’y connaissez rien en programmation, RPG Maker V saura vous aider, et vous pouvez même développer un jeu directement depuis votre Switch, pour même pas 40€… C’est complètement dingue !

Et sur Steam, on a eu une saturation des jeux indés. Il est impossible d’y suivre les dernières sorties. Chaque semaine, il sort 180 jeux (!) sur Steam, soit environ 25 par jour ! Parmi eux, on a par exemple My Name is Mayo, qui vous propose de vivre l’histoire d’une bouteille de Mayonnaise…

Alors, j’avoue, le concept est marrant, mais il participe à la pollution de Steam de manière globale. Cela dévalorise les jeux des indés, qui ont du mal à gagner en visibilité dans cette offre où tout et n’importe quoi se chevauche, et ajoutez à cela tout les services de « location » de jeux vidéo (comme le Xbox Game Pass vous permettant de jouer à plus de 100 jeux contre 15€/mois) et vous comprendrez pourquoi il devient de plus en plus difficile à un indépendant d’être « vu ». J’ai moi même découvert un jeu que j’adore, Vectronom, en allant à la Devcom 2019, alors que ce jeu est disponible depuis… Mai 2019 !

Mais tout n’est pas perdu pour le monde de l’indé. J’aime beaucoup l’approche sélective de l’Epic Games Store, qui vous propose carrément de découvrir de bons petits jeux indés, comme Céleste et Inside actuellement ! Cela permet de rémunérer de petits éditeurs / des créateurs indés, tout en leur donnant une visibilité certaine. Alors c’est vrai qu’Epic, qui a bien conscience que Fortnite est plus qu’un jeu vidéo, il est un phénomène de société, doit construire l’après Fortnite et ce sert de ces jeux gratuits pour appater les joueurs « Steam » tout en aprenant à nos chers petites têtes blondes à apprécier le jeu vidéo au delà de Fortnite, mais on ne peut nier que cela peut également donner un petit coup de pouce (publicitaire comme financier) non négligeable à un secteur qui en a bien besoin…

Et donc, crise ou pas crise ?

Si je pense que les jeux AAA sortant aujourd’hui en nombre montrent bien que l’on est dans l’âge d’or du jeu vidéo, le manque de temps pourrait finir par tuer certaines séries, comme celle de Call of Duty dont les ventes s’égrènent d’années en années, surtout par lassitude auprès des joueurs. Pour l’instant, le danger immédiat se situe surtout auprès des jeux indés, où il devient difficile de se faire une place au soleil tellement le nombre de projets est énorme pour un « espace temps/visibilité » très réduit auprès des joueurs. Seuls les concepts vraiment novateurs émergent, les autres sombrent tout simplement dans l’oubli, avec des développeurs qui n’ont pas forcément la capacité de rebondir sur leur échec. C’est cruel… Mais cela devrait s’auto-réguler avec le temps, avec des jeux indés plus lêchés pour tenter de mieux se mettre sous les feux des projecteurs 😉 !

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Ecrit par

Gamer depuis 1984, je suis un grand passionné de jeux vidéos. J'adore particulièrement les jeux japonais et je suis le fier fondateur d'Otakugame.fr !

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