Test : 10h avec Nier Automata dans sa version PC (Steam) !

Test effectué à partir d’une version commerciale PC achetée sur instant-gaming.com. Captures d’écran maison.

Sorti sur Xbox 360, PS3 en avril 2010 et développé par feu Cavia, le précédent Nier était un action-rpg qui avait réussi à se construire une petite réputation de jeu culte avec le temps. Il n’avait malheureusement pas fonctionné commercialement et avait précipité la chute de Cavia. Je n’y ai pas joué et ce nouvel épisode n’était pas censé m’intéresser jusqu’à ce que j’apprenne qu’il serait développé par Platinum Games lors de la conférence Square Enix à l’E32015.

Ce teaser envoyait déjà du lourd et promettait une ambiance particulièrement soignée et une protagoniste énigmatique au chara-design super stylé. Le réalisateur est toujours Yoko Taro qui doit bosser avec le talentueux studio qui a pondu Bayonetta, Vanquish et Metal Gear Rising. Je ne pouvais qu’être hypé et quand vint le seconde trailer, j’étais carrément en transe… Pourquoi cela ? Mais écoutez un peu cette bande son!!!

Au premier abord, le jeu ne paye pas de mine…

Mais le prologue, qui a aussi servi de démo installe sans attendre une ambiance particulière. Curieusement, on commence par une phase shoot’em up. On comprend vite le principe des sphères roses. Les brillantes peuvent être détruites en tirant dessus et les mates non. Après quelques avoir descendu quelques vaisseaux avec des changements d’angle plutôt sympa, on découvre enfin le personnage principale, sobrement appelée 2B. Cheveux blancs, bandeau sur les yeux, jolie robe noire, armée de sabres et accompagné d’un petit drone, le perso en jette. Son ton est posé en tout circonstance et c’est sans montrer d’émotion qu’elle latte les boîtes de conserve qui viennent lui chercher. Une chose qu’on remarque et qui rappelle quel studio bosse sur le jeu, ce sont les animations. La démarche de 2B et ses mouvements sont vraiment magnifiques. Elle manie ses armes avec grâce et même si son tour de poitrine est en adéquation avec son nom, elle en impose grave (dans vos dents, Bioware Montréal!). Elle est secondée par 9S, unité de reconnaissance. Ils seront chargés d’apporter leurs talents aux groupes de résistants qui luttent sur Terre.

Ce prologue est spécial parce qu’on ne peut pas sauvegarder avant de l’avoir terminé. Il montre encore quelques changements d’angles sur le personnage cette fois. Vue de dessus, de côté, on s’y fait rapidement et on expédie le premier boss assez facilement. Le second par contre est plus dur à battre et cela à cause de son gigantisme. Les game designers n’ont toujours pas réussi à programmer une caméra qui ne parte pas en sucette dès qu’un boss géant se rapproche et Nier: Automata ne fait pas exception. Rien d’insurmontable malgré tout et c’est avec un peu d’étonnement qu’on vit les derniers instants de ce prologue qui se finit d’une façon assez inattendue. On se réveille sur une base lunaire qui sert de refuge à l’armée de cyborgs chargé de lutter contre les machines afin que l’humanité puisse reprendre possession de la Terre. La vraie aventure peut commencer…

Où est passé l’argent? Dans l’essentiel…

J’ai parlé de l’ambiance, assuré par un chara-design, une bande originale et des animations de folie, mais il faut reconnaître que visuellement, c’est assez pauvre. Les textures, la modélisation des décors sont très sommaires et il arrive souvent que des éléments du décor poppent à quelques mètres. Il semble que l’équipe de développement ait fait le choix de la fluidité et vu le budget qu’ils avaient, c’est un choix plus que pertinent. Malgré quelques accrocs techniques, les 60 fps sont quasi-constants. Akwartz a d’ailleurs fait une vidéo très complète sur la qualité de ce portage plutôt honnête mais entâché de quelques défauts gênants (non résolus à ce jour, plus d’un mois après la sortie). Les cinématiques qui utilisent pourtant le moteur du jeu, tournent à 30 fps. Un peu déroutant au début, mais on s’y fait. Le choix d’avoir fait de Nier Automata un mini monde ouvert a du peser lourdement sur la balance. Le jeu adopte en effet ce principe à la mode dans les action-RPG de ces dernières années mais sans en avoir vraiment les 
moyens de ses ambitions. On traverse d’immenses décors quasi vides, avec quelques animaux et quelques robots. Le manque d’animation est assez déroutant dans le premier grand hub. Certaines portions sont très jolies mais dans l’ensemble, c’est sommaire.

 

Le meilleur est à venir ?

Une fois qu’on a fait abstraction de sa technique d’un autre âge, on peut enfin profiter des nombreux changements de styles. Après avoir rallié une base de la résistance humaine sur Terre, on se retrouve dans un schéma de RPG assez classique, avec le marchand d’armes, d’objets et divers donneurs de quêtes. Rien de bien transcendant si ce n’est le fait qu’aucun de ces PNJ n’est doublé… Vu leur importance, ce n’est pas un défaut en soi vu qu’ils ne sont pas du tout essentiels à l’histoire, contrairement à 9S, votre sidekick masculin. Je n’ai pas trop aimé cet aspect quête FedEx, car globalement, il s’agira d’aller nettoyer une zone, récupérer des objets ou activer un machin. Et parfois, il n’y a même pas d’ennemis ! Cela nous force à faire de nombreux aller-retours dans les décors vides. J’attendais beaucoup de la baston pour animer un peu tous ces trajets mais les quelques affrontements sur le trajet ne sont pas très palpitants et en plus, certains robots n’attaquent pas sauf si on les agresse… Heureusement qu’on débloque rapidement la compétence trajet rapide.

On attend Platinum Games sur le gameplay non ?

Et à ce niveau, pour le fan de Bayonetta que je suis, c’est une semi déception. Au point où j’en suis, il n’y a que les combats de boss qui m’ont vraiment plu. Les affrontements contre les mobs sont assez insipides et c’est juste leur nombre et leurs attaques à base de sphères d’énergie qui apportent un peu de challenge mais leur comportement et leur résistance pourraient vous faire sombrer dans le sommeil. L’arsenal de base de 2B est pourtant conséquent dès le début. Entre son drone qui peut arroser l’ennemi en continu, son arme principale et son arme secondaire, elle est bien armée la bougresse et en plus elle a un coéquipier. Les possibilités de combo sont pas folles et l’esquive à la Bayonetta ne donne pas vraiment lieu à de nouvelles possibilités à part projeter un ennemi dans les airs. D’ailleurs, que ceux qui s’attendait à un jeu d’action frénétique fassent gaffe car le melting pot donne lieu à un ensemble assez étrange qui en déroutera plus d’un, moi compris. Entre les quêtes Fedex inintéressantes au possible (le fléau du jeu de rôle tendance open-world) qui obligent à de longs trajets à pied, et les cinématiques qui accumulent les scènes et les révélations auxquelles on ne comprend pas grand chose, il se peut que certains aient du mal à s’investir dans la durée. J’ai beau être fan de Platinum Games, j’ai vraiment du mal à faire des sessions longues car la majeure partie du temps, il se passe pas grand chose pour éveiller et maintenir l’attention. Il semblerait aussi que niveau équilibrage, il y ait quelques soucis. Alors que j’étais niveau 11, je suis tombé sur un robot niveau 35 dans une quête secondaire… J’ai passé plus de 5min à le taper non stop pour l’abattre alors qu’il ne lui fallait que 2 coups pour me terrasser. Et tout ça dans un couloir étroit qui rendait la caméra complètement dingue.

Comme je le disais, les combats contre les boss sortent du lot et leur mise en scène est vraiment stylée. On ne comprend pas toujours ce qu’ils sont ni ce qu’ils veulent, mais les affronter procurent de vrais moments de plaisir.

Les sessions de shoot’em up ne sont ni trop courtes ni trop longues, souci qu’on retrouvait dans le premier Bayonetta. Comme dans ce dernier d’ailleurs, on peut équiper différents packs d’armes, d’objets, de compétences et en changer à la volée. Les menus de customisation sont un peu austères mais une fois qu’on a saisi le principe, on s’en sort très bien.

Qui aurait cru que Dark Souls influencerait autant le monde du jeu vidéo? J’ai été assez surpris de découvrir des features de cette série dans Automata. Quand on meurt, notre cadavre reste sur place avec ses équipements et il faut retourner sur place pour les récupérer et sans mourir, sinon, c’est perdu. Et les joueurs qui meurent peuvent aussi laisser un message. J’ai eu l’occasion d’en croiser certains dans ma partie et on a le choix entre récupérer une partie de leur loot ou de les réparer pour qu’ils nous assistent temporairement. Pas foufou, mais ça reste sympatique.

Le niveau de la fête foraine m’a vraiment accroché parce qu’on en revient à un beat’em up pur jus et la musique qui l’accompagne est vraiment sublime. Il s’agit d’une mission de sauvetage qui tourne court, forcément. Mais avant d’arriver au boss, on traverse un niveau tellement beau artistiquement que ça m’a rappelé Alice Madness Returns, autre jeu fauché et doté d’une direction artistique de haute volée.

Verdict ?

Platinum Games a réussi encore une fois à sublimer une licence par son expertise en jeu d’action. Ils ne sont qu’exécutants et le maître d’ouvrage reste Yoko Taro, mais le mélange est suffisamment accrocheur pour interpeller. Certes, le jeu n’est pas parfait et le portage PC pose problèmes chez de nombreux utilisateurs mais il n’en demeure pas moins que pour ceux qui prendront la peine de s’y plonger, l’investissement pourrait valoir le détour. À la condition de ne pas s’attendre à un pur beat’ them up comme Devil May Cry et Bayonetta. Il faudra aussi supporter des quêtes annexes au ras des pâquerettes, des longs moments de flottement et une intrigue qui peine vraiment à décoller, même après 10h de jeu. Je vais continuer en espérant que les choses s’améliorent. Je sais que ça vaut le coup de poursuivre car il faut vraiment être imperméable et insensible pour ne pas sentir que ce jeu a vraiment une histoire poignante à raconter. Surtout qu’il existe de multiples fins suffisamment différentes semble-t’il pour pousser au NG+ après le premier run…

Classe B

Un bon jeu, sans être exceptionnel.

 

Points positifs

Points négatifs

2BTechniquement à la rue
Une direction artistique solidePeu de possibilités de combo
Une bande son sublimeUn portage PC passable
Les dialogues entre 2B et 9SDes quêtes secondaires Fedex dénuées d’intérêt, de mise en scène, de doublage
Des changements d’angles de vue et de gameplay bien pensés Tuer des animaux pour upgrader ses armes ? Wtf!!!
Share